L'esthétique de l'art populaire chinois: La poupée porte-bonheur
 
Auteur(s) :Jin Zhilin
ISBN :2-906658-30-8
Date de parution :1989-3
Pages :178
Poids :0.394 kg
Dimensions :170x240
Prix :16.00 €
 

Cet ouvrage est en bilingue français-anglais.

Le grand intérêt du livre de Jin Zhilin est de montrer le rôle capital de la religion dans l'art populaire. Si les papiers découpés des paysans du Shaanxi, qui servent ici d'exemples, nous paraissent posséder un style si fort, c'est souvent parce que les croyances religieuses ont mis en branle l'imagination des créateurs. Aurait-on ces poulets sur les épaules ou la tête des enfants si la religion n'avait pas amené à introduire ces poulets, signes de faste ? Aurait-on imaginé d'introduire des grenouilles s'il ne restait pas des traces d'une vénération des grenouilles qui remonte aux tambours de bronze ? Aurait-on ces lions et ces tigres si la représentation de ces animaux n'était pas considérée comme un talisman protecteur ? Un autre aspect de la pensée populaire a influencé les thèmes : l'amalgame entre le mot et la chose, comme s'il suffisait d'invoquer (mais invoquer est aussi une attitude religieuse) avec des mots pour que la réalité réponde à cet appel. C'est pourquoi, la langue chinoise s'y prêtant particulièrement bien, figurent souvent des poissons, des poulets, des hallebardes, des graines, des chauve-souris par exemple, car « poisson » est « abondance », « poulet » ou « hallebarde » est « faste », « graines » est « fils », « chauve-souris » est « bonheur » sont homophones. Dans les Beaux-Arts, il y a des sujets artistiques, les bambous, les paysages, les oiseaux, les fleurs, et d'autres qui ne le sont pas ; dans l'art populaire les motifs ne sont pas esthétiques en eux-mêmes ; ils sont déterminés par des croyances ou des légendes. La pensée religieuse une fois absente, il ne reste plus que la virtuosité, celle qu'on peut voir dans les papiers découpés qui ne sont plus destinés qu'à la vente.
Le rapport à la réalité est également spécifique. Comme le montre Jin Zhilin à partir d'entretiens avec des artistes paysans, leur art ne part ni d'un souci de rendre le modelé par le clair-obscur ou la perspective comme dans l'art occidental classique, ni de recréer un paysage à partir de plusieurs perspectives comme dans la peinture traditionnelle chinoise, mais de conjuguer tous ces éléments significatifs sans se soucier s'ils peuvent être ou non vus en même temps.